Le 17 septembre dernier, le Président du conseil exécutif de Corse a tenu à écrire un courrier pour rassurer les stations-services de Corse.

Un courrier dont parle Corse Matin dans l’édition de ce jour.

Il explique très clairement qu’aucune mesure d’encadrement des prix ne saurait être envisagée ni entrer en vigueur sans que les mécanismes de compensation ne soient définis et mis en œuvre concomitamment.

Il nous semble clair que pour Gilles Simeoni les acteurs de la distribution dont le groupe Rubis n’ont aucune responsabilité dans la cherté des carburants. Partant de ce postulat, toute régulation doit nécessiter une compensation.

En d’autres termes, si l’Etat n’admet pas cette compensation, il n’y aura pas de régulation.  

Le problème c’est que lorsqu’il écrit que l’Autorité de la concurrence a confirmé dans son avis de novembre 2020 qu’il n’y avait pas de surmarge systématiquement pratiquée par les acteurs insulaires de la distribution secondaire et par les détaillants, il s’agit d’une allégation totalement fausse.

Jamais l’Autorité de la concurrence n’a affirmé une telle chose.

Cependant, nous pensons effectivement au regard de nos analyses que les stations-services ne sont en rien responsables dans leur majorité de la cherté des carburants en Corse. Mais ce constat s’arrête aux seuls pompistes qui sont pieds et poings liés devant les grossistes avec lesquels ils sont sous contrat.

Ce qui est troublant en revanche c’est que Gilles Simeoni écrit que le Conseil exécutif de Corse souhaite que tous les acteurs de la filière de distribution soient pleinement associés au cycle de discussions et il a même proposé des échanges pour envisager de concert les modalités de définition de la méthode de travail en amont de la séance publique.

Il décide de rompre avec le formalisme des conférences sociales en n’incluant ni les syndicats, ni notre collectif. En tout cas, pour notre part, nous n’avons reçu aucune invitation à participer à une quelconque réflexion.

Nous souhaitons rappeler au Président du conseil exécutif de Corse que pour protéger les stations-services il faut se pencher sur les marges générées en amont de ces dernières.

Leur préservation ne doit pas se faire au détriment du pouvoir d’achat des Corses mais en contraignant les marges générées en amont de la chaine de distribution.

La régulation des prix est avant tout une régulation des marges des maillons de la distribution, il suffit de s’assurer que la répartition des marges soit équitable.

Affirmer que rien ne se fera sans mécanisme de compensation c’est ne pas prendre la mesure de l’urgence sociale qu’un statu quo ne fera qu’aggraver.

Lorsque, Victorin Lurel, alors ministre des Outre-mer, a mis en place la régulation des prix des carburants sa seule et unique préoccupation était de se battre contre la cherté de la vie. C’est ce qui lui a valu d’être accusé de jouer « aux apprentis sorciers » par le groupe Rubis, via Jean-Pierre Hardy directeur général de Rubis énergie.   

https://lentreprise.lexpress.fr/carburants-dans-les-dom-rubis-accuse-lurel-de-jouer-aux-apprentis-sorciers_1530331.html

Le même Jean-Pierre Hardy qui, lors de la dernière réunion de la conférence sociale, a affirmé qu’il entendait que son groupe ne soit plus associé à la cherté des carburants en Corse en nous pointant du doigt. Une étonnante mise en demeure qui n’a pourtant pas fait réagir Gilles Simeoni.  

Si l’on veut se battre pour l’intérêt de la Corse, on ne doit pas se contenter d’être l’arbitre d’un match qui oppose d’un côté le pouvoir d’achat et de l’autre les marges, résultat et dividendes des groupes pétroliers qui profitent d’une situation de monopole.

Se battre pour la Corse c’est s’opposer à ces derniers !