Il y a quelques jours, Corse Matin a révélé que Vito Corse avait assigné Total Corse en référé devant le tribunal de commerce de Marseille.

Nous nous sommes également procurés l’ordonnance de référé.

Il apparait effectivement que Vito Corse a demandé au tribunal d’ordonner à la société Total Corse de mettre un terme sur l’ensemble de son réseau à la mesure de baisse de prix des carburant de 20 c€/litre du 1er septembre au 1er novembre et de 10 c€/litre du 1er novembre au 31 décembre 2022. De plus, il réclame que cela soit assorti d’une astreinte de 78 000 euros par jour de retard et par infraction constatée à compter du prononcé de l’ordonnance à intervenir.

Dans ce même document, il apparait les motifs évoqués en défense par Total Corse.

Parmi ceux-ci, nous apprenons que Vito Corse invoque des préjudice d’une autre société du groupe, (on suppose Rubis), du distributeur du groupe ESSO (le groupe Ferrandi) et… des consommateurs !!

Dès lors, il apparait légitime de s’interroger.

En effet, la société Rubis, dans un communiqué, s’est félicité d’un excellent 4ème trimestre 2022 marqué par une croissance continue de la marge brute de Rubis Énergie.

Il s’agit de résultats exceptionnels salués par la presse spécialisée.

De plus, il est assez cocasse que Vito Corse prenne la défense du groupe Ferrandi, distributeur d’ESSO en Corse.

Ce dernier a effectivement subi les conséquences de la remise appliquée par Total en raison du refus d’Esso de s’aligner. Cependant, pendant le dernier trimestre 2022, Vito Corse n’a pas hésité à récupérer deux stations Esso (l’une située à Ajaccio et l’autre à Propriano) en profitant de l’aubaine.  

A noter que dans la même période aucune station Esso n’a basculé chez Total.

Enfin, il y a de quoi tomber des nues en découvrant que Vito Corse se pose en défenseur des consommateurs !!!

L’inflation explose dans une Corse frappée par la pauvreté. Notre île possède une part importante de sa population en milieu rural (+14% par rapport à la moyenne nationale). Une population particulièrement impactée par le coût de l’énergie liée à ses déplacements.

Et Vito Corse considère que supprimer la remise de Total serait protéger les consommateurs insulaires ? C’est d’un cynisme sans nom !

Vito Corse protège l’usager corse comme un lion protégerait son territoire de chasse des autres prédateurs !

Notons également le choix géographique du tribunal de commerce. Vito Corse est domicilié à Puteaux, Total Corse à Bastia et le tribunal choisi est à Marseille.

On comprend que cela pouvait apparaitre plus discret. Raté !

L’ordonnance stipule qu’il n’y a pas matière à référé et renvoie les parties devant les juges de fond. Après plusieurs renvois, l’affaire sera donc jugée dans les prochains jours.

Il semblerait inconcevable que Vito Corse puisse obtenir gain de cause. Mais on peut se demander si cette procédure n’est pas la raison pour laquelle Total se montre frileux à appliquer en 2023 son plafonnement du prix des carburants à 1,99 €/litre sur l’île.

Pour Total France, le marché insulaire représente si peu que le risque, même infime, d’un contentieux peut ne pas en valoir la chandelle.

Et, il y a cette tentative d’attentat contre Total Corse en novembre dernier.

De plus, n’oublions pas que c’est grâce à Total France que Rubis a mis les pieds en Corse. Le premier voulant se désengager des dépôts pétroliers de la Corse. Pour convaincre Rubis, Total France a demandé à Total Corse ne démanteler son propre réseau pour en vendre une partie à Rubis.  

Ce qu’il ressort de tout ceci, c’est qu’il faut absolument que nos élus cessent de voir le groupe Rubis et sa filiale Vito Corse comme des partenaires de la Corse.

Que Vito Corse ait signé la charte de la langue corse et finance des associations culturels et sportives n’y change rien !

Le groupe Rubis est en Corse pour en retirer le maximum de dividendes et le rôle de nos élus est de défendre l’intérêt général des Corses. Il faut qu’ils arrêtent de vouloir ménager la chèvre et le choux ! Rubis n’a pas besoin d’eux pour se défendre ! Mais notre pouvoir d’achat doit être défendu!

La situation de monopole que nous dénoncions et confirmée par l’Autorité de la concurrence permet d’activer l’article L410-2 du code du commerce autorisant la régulation des prix, comme dans les territoire d’outre-mer. Une régulation qui permettra à la fois de préserver la concurrence et le pouvoir d’achat des Corse !

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